J’ai créé des leçons individuelles plus détaillées à propos de la plupart des cas que j’aborde ici. Cette “leçon” n’est qu’un aperçu pour introduire les cas et comment ils fonctionnent en hongrois. Je suis toujours prête à répondre à vos questions.
Qu’est-ce que c’est qu’un “cas”?
Si vous connaissez déjà les langues agglutinantes et comprenez cette idée, vous êtes libre d’ignorer cette partie.
Un “cas” peut être défini comme:
1) un marqueur spécifique (un suffixe) pour dénoter le rôle d’un mot dans une phrase
2) un suffixe qui fonctionne plus ou moins comme une préposition en français
Si vous avez déjà étudié une langue qui utilise les cas, vous connaissez peut-être le nominatif, l’accusatif, le datif, et le génitif. Ces quatre cas existent aussi en hongrois, mais au lieu de changer l’article pour indiquer le cas (comme l’allemand), on ajoute un suffixe à la fin du mot pour le modifier. À part ces quatre exemples, le reste des “cas” que l’on trouvera en hongrois sont plutôt:
1) des suffixes qui fonctionnent comme des prépositions
2) des suffixes qui modifient un mot pour changer sa catégorie grammaticale, son temps, ou sa définition
Une langue qui utilise ainsi les suffixes, comme le hongrois, s’appelle une langue agglutinante. Le finnois aussi se trouve dans cette catégorie. On construit les mots en ajoutant des suffixes particuliers pour changer la signification d’un mot.
Attention: on ajoute les suffixes possessifs et les suffixes pluriels en premier, avant d’ajouter n’importe quel autre cas.
Cette idée est peut-être intimidante au début (ça l’a été pour moi), mais une fois que vous vous serez habitué(e) au système, je trouve que c’est plutôt logique et raisonnable.
Il y a de nombreux suffixes avec des fonctions distinctes en hongrois. Dans cette leçon, j’aborde les quatre cas principaux (le nominatif, l’accusatif, le datif, le génitif)1, ainsi que les 15 cas additionnels2 qui fonctionnent comme des prépositions (mais à la fin du mot au lieu d’au début).
1Tous les cas dont je parle ici ont un nom officiel. À part ces quatre cas principaux, vous n’êtes pas obligé(e) de retenir les noms officiels. C’est correct si vous vous souvenez seulement du suffixe. Faites ce qui est le plus facile pour vous!
2Il y a plus de 15 cas, dépendant desquels que l’on compte, mais j’explique seulement ceux que je trouve les plus importants et fréquents (et il y en a d’autres qui méritent une leçon complète de toute façon)
N’ayez pas peur de la quantité des cas. Si vous traitez la plupart comme des prépositions, ça rendra la tâche plus facile (j’espère). Pour les cas dont il n’existe pas d’équivalent en français, ils sont quand même assez faciles à apprendre.
Si vous ne l’avez pas déjà fait, je vous conseille de consulter l’harmonie vocalique et l’allongement des voyelles avant de lire cette leçon, car je ne les explique pas ici.
⋆:*:⋆ ~Les cas~ ⋆:*:⋆
Le nominatif (pas de suffixe!)
C’est la version basique d’un mot que l’on trouvera lorsqu’on le cherche dans un dictionnaire. Il n’y a pas de suffixe, rien n’y est ajouté. En général, il s’agit du sujet de la phrase.
Le chat court
A macska fut
- chat (macska) est au nominatif. C’est la version du mot que l’on verra dans le dictionnaire.
L’accusatif (-t, -ot, -at, -et, -öt)
Vous pouvez trouver la leçon complète sur le cas accusatif ici (en cours de traduction)
L’accusatif dénote le complément d’objet direct (COD)1, et on peut reconnaître ce cas par la lettre “t” à la fin du mot (ça ne veut pas dire que tous les mots qui se terminent en “t” sont à l’accusatif, mais c’est quand même une bonne façon de se souvenir de ce cas si vous le trouvez difficile).
1Un COD est l’objet qui reçoit l’action du verbe. Le COD n’est pas toujours si important à reconnaître en français, vu que d’habitude ce n’est pas marqué de manière particulière, mais en hongrois il faut bien connaître cette catégorie grammaticale.
Je mange la pomme
Eszem az almát
- pomme (alma) est le COD qui reçoit l’action (manger), mais vu que le français n’a pas de cas accusatif, il n’y a rien de spécial pour le dénoter.
Attention: même si le verbe s’agit de quelque chose d’”abstrait”, le COD sera toujours à l’accusatif (à moins qu’il faille employer l’un des autres cas que j’explique plus tard)
J’aime les chats
Szeretem a macskákat
- les chats (a macskák) est le COD (du verbe “aimer”), donc ça prend l’accusatif
Le datif (-nak/-nek)
Vous pouvez trouver la leçon complète sur le cas datif ici (en cours de traduction)
Ce cas correspond essentiellement à “à” ou “pour” en français, dans le sens de faire/donner quelque chose à/pour quelqu’un/quelque chose.
Je donne le livre à Réka
Rékának adom a könyvet
Attention: Même si on omet le mot “à” dans la phrase, on utilise quand même le datif en hongrois. Par exemple, Je la donne le livre (la = Réka), en hongrois on dirait “Neki adom a könyvet” (neki = à/pour elle/lui)
- Réka n’est pas le COD ici, car elle n’est pas l’objet qui est donné. Réka prend plutôt le cas datif, parce que je donne le livre À elle
- livre (könyv) est à l’accusatif, car c’est le COD (qui reçoit l’action de donner)
Il y a plus de possibilités pour le datif qui sont détaillées dans la leçon individuelle vers laquelle j’ai mis un lien au-dessus. Cet exemple n’est que l’application basique.
Le génitif (-é/-éi)
Le génitif est le cas possessif, qui dénote la propriété/la possession. La structure est plutôt simple – on ajoute “-é” (pour le singulier) ou “-éi” (pour le pluriel) à la fin du nom qui “possède”. Le nom qui est possédé ne change pas, et reste au cas nominatif.
Attention: le génitif n’est pas la seule manière de dénoter la possession en hongrois. D’habitude, on dénote la possession de la manière que j’explique dans ces leçons-ci:
Singular Possession (en cours de traduction)
Plural Possession (en cours de traduction)
Cependant, si la priorité est QUI possède la chose (et non la chose qui est possédée), le génitif est plus approprié. Comme ça, on souligne l’importance de la propriétaire.
Az a könyv Petráé
Ce livre est à Petra / Ce livre appartient à Petra
- C’est Petra la propriétaire, donc on y met le cas génitif, car la priorité ici est elle (la propriétaire)
Ez a szék a macskáé
C’est la chaise du chat / Cette chaise appartient au chat
Azok a kocsik Gáboréi
Ces voitures sont à Gábor / Ces voitures appartiennent à Gábor
Vous pouvez trouver la leçon complète sur les cas illatif/inessif/élatif ici (en cours de traduction)
Je regroupe ces trois cas, car au fond ils ont tous rapport au mouvement concernant les espaces – si on rentre dans quelque chose, se trouve dans quelque chose, ou sort de quelque chose.
L’illatif (-ba/-be)
Essentiellement, ce cas correspond à la préposition “dans”. Cependant, c’est surtout un cas de mouvement, et non une position statique. C’est-à-dire, on utilise ce cas lorsque quelque chose est déplacé/mis DANS quelque chose.
Beteszem a könyvet a szekrénybe
Je mets le livre dans le placard
Le livre est en train d’être déplacé DANS quelque chose, ça bouge.
Il faut demander: On met l’objet dans QUOI? Ça, c’est le mot qui prendra -ba/-be.
- placard (szekrény) prend -ba/-be, car c’est la chose dans laquelle l’objet est déplacé.
- livre (könyv) est à l’accusatif, car il reçoit l’action (être déplacé).
Si le livre se trouvait tout simplement dans le placard (il ne reçoit aucune action, il reste immobile), alors on utilisera le cas INESSIF.
L’inessif (-ban/-ben)
L’inessif est un cas statique, ce qui veut dire que l’objet (le COD) ne bouge pas, mais plutôt qu’il est tout simplement présent DANS un espace.
A könyv a szekrényben van
Le livre est dans le placard
- placard (szekrény) prend -ban/-ben, car c’est l’endroit/l’objet dans lequel le livre se trouve (actuellement).
- livre (könyv) est au nominatif, car c’est le sujet. Ce n’est pas un COD, car il ne reçoit aucune action. Donc il reste dans la forme que l’on trouve dans le dictionnaire.
Maintenant on sortira le livre HORS du placard:
L’élatif (-ból/-ből)
Ce cas correspond essentiellement à “hors de (quelque chose)”, mais comme -ba/-be, il s’agit d’un cas de mouvement. Quelque chose est SORTI de quelque chose.
Kiveszem a könyvet a szekrényből
Je sors le livre (hors) du placard
- placard (szekrény) prend -ból/-ből, car c’est l’objet duquel on sort le livre.
- livre (könyv) est encore à l’accusatif, car il reçoit l’action (être sorti).
On utilise -ból/-ből si on sort le livre d’un sac, d’un tiroir, d’une boîte, etc. -ból/-ből veut dire que quelque chose vient/sort (HORS) DE quelque chose.
Vous pouvez trouver la leçon complète sur les cas allatif/adessif/ablatif ici (en cours de traduction)
Je regroupe ces trois cas, car ils sont tous reliés au mouvement concernant la direction – si on s’approche de quelque chose, se trouve près de quelque chose, ou s’éloigne de quelque chose.
L’allatif (-hoz/-hez/-höz)
Ce cas fonctionne un peu comme -ba/-be, et correspond à “vers, à”. C’est un autre cas de mouvement.
Pour -ba/-be, le placard est un endroit/espace dans lequel on met le livre. -hoz/-hez/-höz veut dire plutôt que quelque chose se dirige VERS quelque chose; cette chose peut être un endroit, une personne, ou un objet. Ce sujet ne rentre pas forcément dans l’autre chose. Il se dirige plutôt VERS (dans la direction de) la chose.
Je me suis dirigé(e) vers le frigo
Odamentem a hűtőhöz
Je me suis dirigé(e) vers Eszter
Eszterhez mentem
J’ai couru vers l’arbre
Odafutottam a fához
- frigo (hűtő), Eszter, et arbre (fa) prennent tous -hoz/-hez/-höz, car ce sont les objets vers lesquels se dirige le sujet. Ce sont des destinations (potentielles) – quelque chose se dirige dans leur direction.
L’adessif (-nál/-nél)
C’est la version statique (qui ne bouge pas) de -hez/-hoz/-höz, et ça fonctionne comme -ban/-ben – sauf que, au lieu d’être dans quelque chose, l’objet est près de / à côté de quelque chose. Dépendant du contexte, ça correspond à chez aussi (mais j’explique ça dans la leçon complète).
Je suis près/à côté de l’église
A templomnál állok
J’attends près/à côté du lac
A tónál várok
- église (templom) et lac (tó) prennent -nál/-nél, car ce sont les endroits/objets à côté desquels se trouve le sujet. Il n’y a pas de mouvement, c’est une position statique.
L’ablatif (-tól/-től)
Ce cas fonctionne comme -ból/-ből, mais au lieu de sortir de l’intérieur de quelque chose, on s’éloigne de quelque chose ou quelque part.
Je me suis éloigné(e) du frigo
Elmentem a hűtőtől
Je me suis éloigné(e) de l’arbre en courant
Elfutottam a fától
- frigo (hűtő) et arbre (fa) prennent -tól/-től, car ce sont les objets desquels le sujet s’éloigne.
Vous pouvez trouver la leçon complète sur les cas sublatif/superessif/délatif ici (en cours de traduction)
Je regroupe ces trois cas parce qu’ils ont tous rapport avec le mouvement concernant (d’habitude) les surfaces. Si quelque chose est mis/placé sur quelque chose, se trouve sur quelque chose, ou est ramassé/relevé de quelque chose.
Le sublatif (-ra/-re)
Le sublatif fonctionne comme -ba/-be et -hoz/-hez/-höz (le mouvement VERS qqch), mais ça s’applique plus souvent aux surfaces.
Je mets le livre sur la table
Leteszem a könyvet az asztalra
Je mets le chat sur l’étagère
Felteszem a macskát a könyvespolcra
- table (asztal) et étagère (könyvespolc) prennent -ra/-re, car ce sont les endroits (les surfaces) sur lesquels on met quelque chose.
- livre (könyv) et chat (macska) sont à l’accusatif, car ils reçoivent l’action (être mis)
Le superessif (-n, -on, -en, -ön)
Ce cas fonctionne comme -ban/-ben et -nál/-nél, mais ça s’applique en général aux positions statiques sur les surfaces.
Le livre est sur la table
A könyv az asztalon van
Le chat dort sur l’étagère
A macska alszik a könyvespolcon
- table (asztal) et étagère (könyvespolc) prennent -on/-en(+), car ce sont les endroits (les surfaces) sur lesquels l’objet se trouve actuellement.
- livre (könyv) et chat (macska) sont au nominatif, car ils ne reçoivent aucune action.
Le délatif (-ról/-ről)
Ce cas ressemble à -ból/-ből et -tól/-től, mais ça s’applique lorsqu’on ramasse/relève quelque chose d’une surface.
Je ramasse le livre de la table
Felveszem a könyvet az asztalról
Je relève le chat de l’étagère
Felveszem a macskát a könyvespolcról
- table (asztal) et étagère (könyvespolc) prennent -ról/-ről, car ce sont les endroits (surfaces) desquels on ramasse/relève quelque chose.
- livre (könyv) et chat (macska) prennent l’accusatif, car ils reçoivent l’action (être ramassé/relevé)
Vous pouvez trouver la leçon complète sur le cas instrumental ici (en cours de traduction)
L’instrumental (-val/-vel)
Franchement, je trouve ce cas plutôt facile. Ça correspond à “avec“, et ça veut dire que l’on utilise quelque chose comme un instrument/un outil pour faire quelque chose. On utilise ce cas aussi lorsqu’on fait quelque chose avec quelqu’un.
Je mange avec une fourchette
Villával eszem
J’écris avec un crayon
Ceruzával írok
Je joue avec Zoli
Zolival játszom
- fourchette (villa), crayon (ceruza), et Zoli prennent tous -val/-vel, car ce sont les objets/les personnes avec lesquels on fait l’action.
Vous pouvez trouver la leçon complète sur le cas causal-final ici (en cours de traduction)
Le causal-final (-ért)
Ce cas correspond essentiellement à “pour, afin de, dans le but de“, et ça dénote la raison ou le but de quelque chose.
Je suis allé(e) à l’épicerie pour (acheter) du lait
A boltba mentem tejért
- lait (tej) prend -ért, car c’est le but/la raison de l’action que l’on fait (aller à l’épicerie)
J’ai payé dix dollars pour (acheter/obtenir) le livre
Tíz dollárt fizettem a könyvért
- livre (könyv) prend -ért, car c’est la raison pour laquelle on fait l’action (payer)
- dollars (dollár) prend l’accusatif, car ça reçoit l’action (être payé/utilisé pour acheter quelque chose)
Le terminatif (-ig)
Ce cas correspond à “jusqu’à“, et s’applique à la durée temporelle de quelque chose ou la distance aux endroits.
La réunion dure jusqu’à 10 heures
A gyűlés tíz óráig tart
- 10 heures (tíz óra) prend -ig, car c’est la ‘limite’ du temps de l’action (la réunion qui se déroule).
- réunion (gyűlés) est au nominatif, car c’est le sujet et ne reçoit aucune action.
Je suis allé(e) jusqu’au lac
A tóig mentem
- lac(tó) prend -ig, car c’est la ‘limite’ de la distance de l’action (aller). On est allé jusqu’au lac, et pas plus loin que ça.
Évidemment, il y a beaucoup plus d’informations concernant ces cas que ce que j’ai abordé ici (rien n’est jamais si simple), mais ce sont les fonctions principaux qu’il faut savoir pour commencer. Vous apprendrez le reste au fur et à mesure que vous étudiez, et après un moment cette partie de la grammaire hongroise deviendra plus facile et naturelle.
Lorsque vous êtes prêt(e), vous pouvez consulter les leçons complètes pour tous ces cas, et vous apprendrez plus à propos de leurs fonctions. Même ces leçons détaillées ne sont pas exhaustives – ça serait plus ou moins impossible – mais comme j’ai dit, vous apprendrez le reste pendant vos études.
J’espère que cette leçon a été utile, car je connais très bien la difficulté avec les cas au début (ma langue maternelle est l’anglais), et je voudrais vous épargner le mal à tête que cette partie de la grammaire hongroise peut engendrer. Je suis toujours prête à répondre aux questions ou clarifier.
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